Cette jeune scientifique crépynoise s’est vue remettre, mercredi 11 octobre 2023, le prix Jeune Talent L’Oréal-Unesco pour « Les Femmes et la Science » 2023, à l'Institut de France. Une distinction qui récompense ses recherches sur la disparition des pollinisateurs. Portrait.
Je m’appelle Élise Verrier et j’ai 30 ans. Depuis que je suis enfant, je suis fascinée par le vivant : cette graine qui devient une plante voire un arbre immense, le têtard qui devient une grenouille… C’est ce qui m’a conduit à faire un bac scientifique au lycée Jean Monnet de Crépy-en-Valois. D’ailleurs, j’ai de très bons souvenirs de cette époque : j’aimais beaucoup me balader aux pieds des remparts de la ville, j’y ai passé de nombreuses après-midi avec des amis du lycée ! J’y retourne souvent quand je rends visite à ma mère.
Au vu de ma passion pour le vivant, c’est tout naturellement que je me suis dirigée vers des études de Sciences et Vie de la Terre (SVT) en France et en Angleterre. C'est pendant ma licence à Amiens que j’ai découvert l’écologie et plus particulièrement l’écologie comportementale. Étudier le comportement animal et comprendre les effets de l’évolution m’a tout de suite passionnée. J’ai compris que c’était dans cette voie que je voulais travailler. Après ma thèse, j’ai été embauchée par le laboratoire EGCE (Évolution Génome Comportement et Écologie) à l’université Paris-Saclay pour étudier la mortalité des abeilles en hiver.
En ce moment, je travaille sur la disparition grandissante des insectes pollinisateurs, et plus précisément les abeilles mellifères (celles qui produisent du miel). Il faut savoir que 35 % des fruits et graines que nous consommons dépendent d’eux ! Ces dernières décennies, les apiculteurs ont constaté une très forte mortalité de leurs abeilles pendant l'hiver. Que se passe-t-il ? On ne sait pas. Et le projet de recherches auquel je participe, appelé « Beeconnected », tente de le comprendre en installant des capteurs de poids et de température dans les ruches. Cela permet d’observer le comportement des abeilles sans avoir à ouvrir la colonie, et ainsi détecter les signes avant-coureurs de leur effondrement. Actuellement, nous suivons 135 colonies d’abeilles réparties en France, Grèce et Allemagne, ce qui permet de couvrir différents climats.
Pour être honnête, je ne m’y attendais pas du tout ! Pour avoir une chance de se voir décerner ce prix, il faut envoyer une candidature, un CV, une lettre de motivation et un dossier résumant nos recherches. Je sais que certaines collègues postulent 3 voire 4 années de suite, sans réussir à convaincre le jury. Alors, imaginez un peu ma surprise quand j’apprends que je suis lauréate, alors que c’était la première fois que je posais ma candidature ! Sincèrement, l’obtention de ce prix est un honneur, je suis heureuse que ma curiosité du vivant m’ait conduite ici, à la recherche de solutions pour résoudre l’un des enjeux majeurs de notre époque.
Pour le moment, je suis encore en train d’analyser les données de mes recherches et les résultats seront diffusés fin 2024, début 2025. À court terme, les données issues fourniront des connaissances aux apiculteurs pour les aider à limiter la mortalité hivernale de leurs colonies. À long terme, l’objectif est de leur permettre d’avoir une activité plus durable et de mieux protéger les pollinisateurs.
Crédit photo : © Clemence Losfeld