Les portraits de citoyens

Le personnel soignant de l’Hôpital Saint-Lazare

Publié le 28/07/2021
Mis à jour le 02/09/2021

LA SOLIDARITÉ AU CŒUR DU PERSONNEL SOIGNANT

L’hôpital Saint-Lazare de Crépy-en-Valois a été durement frappé par l’épidémie de coronavirus. Parce que le personnel soignant a été au cœur de l’action depuis le début, nous avons tenu à rencontrer quelques membres de l’équipe : Anaïs, Christelle et Séverine, aides-soignantes ; Coralie et Grégoire, infirmiers. Ils ont entre 3 et 24 ans d’ancienneté. Catherine, cadre de santé de l’hôpital, prend la parole et nous raconte comment l’équipe a vécu cette expérience.

COMMENT AVEZ-VOUS VÉCU LE DÉBUT DE LA CRISE ?

Jamais nous n’aurions pensé connaître une telle crise sanitaire et encore moins qu’elle ferait ses débuts à Crépy-en-Valois. Ça a été brutal.

Coralie : Nous ne connaissions rien de la maladie et avions à ce moment-là pour seul exemple la Chine qui était dans une situation dramatique.

Séverine : En voyant ce qu’il se passait, je n’ai pas été surprise que le virus arrive ici.

Grégoire : L’inconnu, c’est ça qui fait peur. 
Nous avons constaté des insuffisances respiratoires chez certains patients, mais en temps de grippe, nous étions loin de nous douter que le virus était dans nos murs. Suite à l’annonce du premier décès lié au Covid-19 le 26 février 2020, il a fallu être très réactif. Le virus commençait à circuler parmi les patients et les soignants. Nous avons alors demandé aux familles de quitter les lieux et dès le lendemain, l’établissement était totalement fermé au public. Le lundi suivant, l’Agence Régionale de Santé (ARS) nous a demandé de former deux professionnels à la réalisation des tests PCR (par voie nasale). Les dépistages ont commencé le 4 mars suivant dans tout le service et un second a pu être réalisé le 12 mai 2020 pour l’ensemble du personnel et des patients/résidents de l’hôpital et ses maisons de retraite (env. 300 personnes).
Chaque jour, une nouvelle information était découverte sur le virus. Nous devions adapter le protocole sanitaire en conséquence. Il était révisé tous les jours et transmis aux équipes. Pendant la crise, une unité Covid-19 a été créée pour accueillir les personnes touchées.
Pour limiter la propagation du virus, du 27 février au 6 juin 2020, les patients et les résidents ne pouvaient plus sortir de leur chambre.

Anaïs : Ça a été très dur pour eux d’être isolés. Un système de visioconférence a été mis en place afin de leur permettre de garder le contact avec leurs proches.

QU’EST-CE QUI VOUS A LE PLUS MARQUÉ ?

Quand Crépy-en-Valois est devenue le premier «  cluster  », les habitants ou ceux qui y travaillaient, ont été très mal perçus par les gens extérieurs. Un peu comme si nous avions la peste.

Christelle : Dans la file d’attente à la caisse d’un supermarché, une femme derrière moi est partie en laissant son caddie lorsqu’elle m’a entendue dire que je travaillais à l’hôpital de Crépy-en-Valois.

VOUS ÊTES-VOUS SENTIS SOUTENUS ?

Grâce à notre organisation en interne et l’aide de la Réserve Sanitaire, nous n’avons jamais manqué de matériel ni de personnel. Des soignants venus de toute la France et des élèves infirmiers sont venus en renfort. Nous avons aussi eu à nos côtés des spécialistes de l’hygiène.

Séverine : Cela nous faisait beaucoup de bien de nous sentir épaulé et de voir des personnes extérieures. Animateurs, secrétaires, … Tout le monde s’est mobilisé.
Pour le personnel ayant des enfants, une salle a été prêtée par la Ville de Crépy-en-Valois où l’équipe d’animation de l’établissement se relayait pour assurer leur garde, ceci a duré 5 semaines. Cela permettait à tout le personnel de pouvoir venir travailler.
Les Crépynois ont été très solidaires avec nous.

Christelle : Nous avons eu énormément de dons, aussi bien vestimentaires qu’alimentaires.

Coralie : Peu importe l’heure de la journée, des habitants nous déposaient régulièrement quelque chose.

Grégoire : Les pompiers de la Ville sont même venus aux pieds de l’hôpital pour nous applaudir à 20h et nous livraient quotidiennement des viennoiseries. Anaïs : Chaque don, chaque geste, nous a fait très chaud au cœur.

QUE RETENEZ-VOUS DE CETTE EXPÉRIENCE ?

La crise a renforcé les liens du personnel de l’hôpital. Il y a eu une cohésion d’équipe hors-norme et incroyable. Les soignants ne comptaient pas leurs heures et malgré le stress et la fatigue, les résidents étaient toujours placés au centre de nos préoccupations.

Coralie : Nous avons puisé au-delà de nos forces.

Séverine : Nous sommes tous sortis de notre routine. Les soignants ont su être force de propositions et ont fait preuve de beaucoup de bienveillance. Bien entendu, nous avons vécu de tristes moments mais nous pouvons dire que ça a été une très belle expérience humaine.

Grégoire : Cependant, c’est une aventure que nous ne voudrions pas revivre.

POUVEZ-VOUS NOUS DIRE QUELQUES MOTS SUR LE DÉCONFINEMENT ?

Les visites ont repris depuis le week-end de la fête des mères. Elles se font toutes sur rendez-vous sur le SSR et répondent à une organisation spécifique (pas plus de deux personnes par visite, une visite par jour par patient et elles se font en chambre). En arrivant, les familles doivent s’inscrire sur un registre. Le port du masque est obligatoire et du gel hydroalcoolique est à disposition.
À l’extérieur, nous avons vu beaucoup de relâchement.

Christelle  : Un grand nombre de personnes ont associé déconfinement et fin du virus, ce qui n’est pas le cas.

Séverine : Il est toujours présent et nous devrons apprendre à vivre avec. Il faut continuer à être vigilant et à appliquer les gestes barrières. Avancer, sans oublier ce qu’il s’est passé.

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