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Le chantier des collections du Musée : on fait le bilan !

Culture
Publié le 30/01/2024

Depuis le 20 septembre 2022, le Musée est pleinement lancé dans une opération d’envergure : le déménagement de ses réserves. Ce chantier des collections comme on l’appelle, a permis de déplacer près de 7200 objets vers un nouvel espace de réserves externalisées. Tout au long du chantier, les multiples étapes mises en place ont permis de créer une chaîne opératoire commune et efficace pour n’oublier aucun objet en chemin et leur assurer les meilleures conditions de conservation. Chaque item a ainsi été : identifié par une étiquette, inspecté sur le plan sanitaire, consolidé quand cela était nécessaire, traité éventuellement contre les moisissures ou les infestations, dépoussiéré, photographié, emballé, transporté, déballé et enfin redéployé dans son nouvel écrin.

Près d’un an et demi après le démarrage de ce chantier, l’heure est à un premier bilan !

Un renfort nécessaire

Compte-tenu de l’ampleur du projet de déménagement, l’équipe du musée a été accompagnée par une assistance à maîtrise d’ouvrage (AMO), et ce, dès sa phase préparatoire. Cette AMO, menée par Claire Brière, est composée de trois autres conservateurs-restaurateurs des collections (Camille Devillers, Colombe Durel et Alain Renard) avec des spécialités complémentaires. Leur mission s’est portée sur un diagnostic des collections et de l’opération de déménagement en général puis sur la supervision du chantier des collections. En amont, ils ont également participé à la conception et au suivi de l’aménagement des nouvelles réserves, et, en post-chantier, ils auront en charge le diagnostic sanitaire relatif au bâtiment du musée et aux anciens locaux de stockage.

Une équipe a également été spécifiquement recrutée pour la mise en œuvre du chantier des collections. Il s’agit d’un groupement de plus de dix personnes conduit par Juliette Vigner-Dupin et composée autant de conservatrices-restauratrices que de techniciens de conservation (Frédérique Nicot, Caroline Henrio, Soria Sum, Tatiana Nascas, Léa Laffite, Marie Planche, Jennyfer Ricros, Emmanuelle Serannes, Soline Henry, Guyonne de Laffon et Joris Laloux). Tous se sont employés au chevet des œuvres en mobilisant là aussi leurs différentes expertises.

Des solutions de conditionnement sur-mesure

Pour des raisons d’écologie mais aussi d’économie, le choix s’est porté dès le départ vers des solutions de conditionnement et de transport pérennes, privilégiant le réemploi chaque fois que cela était possible. Cela ne supprime pas totalement l’emballage provisoire mais permet de le réduire drastiquement. Quoi qu’il en soit, le conditionnement choisi se doit d’être à la fois résistant, adapté aux objets qu’il renferme et facilement manipulable. Ils ont ainsi été pensés et adaptés en fonction des caractéristiques de chaque objet, notamment ses matériaux constitutifs, sa taille ou sa fragilité.

Exemples de conditionnements

> Les flèches : comme vous vous en doutez, le musée possède un nombre conséquent de flèches d’origine, d’âge et surtout de tailles différentes ! Le challenge était de leur offrir des conditions de stockage sur-mesure sans perdre de place et en pouvant aisément y accéder. La solution suivante a été proposée par l’équipe du chantier : réaliser des plateaux de flèches ! Les flèches sont ainsi regroupées en plateaux et calées à chaque extrémité par de la mousse qui maintient la pointe et l’encoche sans contraindre les plumes ni le fût.

> Les arbalètes : là encore, la question du gain de place a été  primordiale. La solution adoptée vient cette fois de Philippe Gouble, ancien responsable des collections, qui avait su la mettre en place dans les précédentes réserves : la suspension à la verticale. Grâce à une adaptation de cet ingénieux système par l’équipe du chantier, nous possédons désormais un bien joli dressing !

Le redéploiement, un vrai tétris !

Dans les nouvelles réserves, chaque œuvre a trouvé sa place et est clairement localisée. La majeure partie est placée sur des rayonnages : soit directement posées sur les étagères, soit en boîte ou en bac. Les œuvres les plus lourdes, comme les sculptures en pierre, sont posées au sol sur des demi-palettes tandis que les objets peu épais, comme les arcs ou les tableaux, sont suspendus à des grilles le long des murs. Enfin, certaines œuvres sont rangées dans des meubles spécifiques : meubles à plans, penderie ou médailler.

Les nouvelles réserves sont également pensées pour pouvoir accueillir les nouvelles acquisitions du musée sur plusieurs années, de quoi voir venir ! Si ces réserves offrent des conditions de conservation largement supérieures aux précédentes, elles permettent aussi aux équipes du musée de travailler dans de meilleures conditions avec un espace de travail dédié où des professionnels peuvent également être accueillis pour travailler sur les œuvres.

Le traitement des collections infestées

Pendant la chaîne opératoire du chantier des collections, chaque œuvre a fait l’objet d’une inspection minutieuse afin d’établir un bilan de santé et notamment d’observer si des petites bêtes ou des moisissures avaient élues domiciles sur la surface ou à l’intérieur de l’objet. Résultat, un total de 112 items a été identifié comme étant infesté par des insectes et 125 par des moisissures.

Ces objets ont alors intégré un circuit parallèle pour être photographiés, analysés, conditionnés et mis en attente avant de partir en traitement. Cette ultime étape s’est déroulée entre octobre et décembre 2023. Alors que le traitement des objets moisis a été réalisé par Frédérique Nicot, membre de l’équipe du chantier, les objets infestés ont bénéficié d’un traitement externalisé par la société Bovis Fine Art. Parmi les différentes méthodes existantes pour se débarrasser des petites bêtes, celle retenue a été l’anoxie, soit le traitement par privation d’oxygène, qui convient mieux à la diversité des objets et des matériaux de la collection.

> Surveillance rapprochée : conserver un accès visuel sur les œuvres anciennement infestées ou moisis est nécessaire pour pouvoir contrôler rapidement une éventuelle reprise d’infestation. C’est pourquoi, elles portent une étiquette colorée différente des autres, pour mieux les identifier, et que leur emballage en réserves est généralement transparent, voire inexistant afin de garder un œil attentif dessus.

Médiation autour du chantier

En plus de l’exposition C’est quoi ce chantier ?! qui accompagnait le déménagement, le musée a fait le choix d’un chantier pour partie ouvert au public, c’est-à-dire que des temps de présentation et de visite ont été prévus à destination du public.

Conférence, journée socio-professionnelle, visites commentées : plusieurs formats accompagnaient l’évènement !

Vous pouvez également retrouver les coulisses du chantier grâce à la websérie diffusée sur la chaîne YouTube et la page Facebook du Musée de l’archerie et du Valois.

 

 

Quelques chiffres

Nombre d’œuvres déplacées : 7 195
Nombre d’items traités (infestés ou moisis) : 237 (ou % d’items traités : 3,3%)
Nombre d’heures de travail pour l’AMO et l’équipe chantier : 537 h
Nombre de jours de transport : 18
Coût total du déménagement des réserves : +/- 400 000 euros TTC, comprenant le paiement des équipes de l’AMO et du chantier, l’ameublement des réserves, l’achat de fournitures et consommables et la désinfestation des œuvres.
Nombre de personnes ayant visité l’exposition C’est quoi ce chantier !? : 2 289

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